
mercredi 19 novembre
au Vingtième Théâtre
Paroles de la Nueve, mise en espace par Armand Gatti, a une première fois été
jouée, avec succès, à la Parole errante de Montreuil. La seconde fois, ce fut une autre mise en espace — autre lieu, autre scénographie, autres mouvements —, au cinéma La Clef, le 6 septembre. Mais l’aventure se poursuit, et cette fois, ce sera au vingtième théâtre, le 19 novembre, dans le cadre de trois soirées autour de l’antimilitarisme.

La Nueve dans l’histoire de la Libération de Paris.
Pour contrer le déni de l’histoire officielle depuis soixante-dix ans, l’association 24 août 1944 s’est donné pour but de faire connaître et de cultiver la mémoire historique — écrite, enregistrée, filmée, iconographique… — de la Libération de Paris en 1944, en liant sa célébration à la participation des anarchistes et des antifascistes espagnols de la 2e DB. Leur lutte avait en fait commencé le 19 juillet 1936, en Espagne, contre le coup d’État franquiste, et s’était poursuivie en Europe et en Afrique, et plus particulièrement dans les maquis en France.
Pour beaucoup de femmes et d’hommes, la lutte se prolongera dans le combat contre le franquisme.

Il s’agit donc de l’histoire « redécouverte » de la Libération de Paris et des combattants espagnols qui y participèrent, dont nombreux étaient antimilitaristes et anarchistes. L’histoire officielle de la Libération de Paris, racontée sous tous ses angles — enfin presque — a longtemps fait l’impasse sur un épisode pourtant fort connu, celui des combattants espagnols qui furent les premiers à pénétrer dans Paris pour faire le lien la Résistance de l’intérieur. Les jeunes gens de la Nueve se sont engagés dans la lutte contre le fascisme et, avant tout, dans la lutte pour la liberté.
Retour sur une histoire oubliée avec Paroles de la Nueve [1], mise en espace par Armand Gatti au Vingtième théâtre.
Huit comédiens incarnent avec conviction et sensibilité les témoignages de ces antifascites espagnols qui ont libéré Paris, le 24 août 1944 : Juan Chica Ventura, Hugo Alderete Royo, Daniel Pinos, Serge Utgé-Royo, Moha Melhaa, Bernard Prieur Smester, Frank Mintz, Christopher Pinos.
Jean-Marc Luneau met en scène et introduit les Paroles de la Nueve.
Des itinéraires incroyables, douloureux et tragiques parfois, des hommes simples et exceptionnels dont les itinéraires laissent à penser que, finalement, c’est possible, malgré tout, de résister et qu’il n’y pas de fatalité. Leçons de courage, de détermination et de dignité qu’il est important de donner à entendre dans des temps de résignation et d’apologie de l’allégeance.

Un spectacle ? Paroles de la Nueveest plutôt une expérience avec des témoignages portés par des interprètes motivés et inspirés des paroles simples et authentiques de ceux qu’ils représentent. De la conscience vive sur scène, de l’émotion grave aussi, de l’humour et, bien entendu, des chansons…
Armand Gatti, à la fin de la première représentation de Paroles de la Nueve, le 23 août, a déclaré : « Cette pièce que vous applaudissez n’est pas une pièce au sens classique, c’est notre amour pour le peuple espagnol. »
Il faut ajouter que ces paroles de jeunes gens, qui se sont battus contre la barbarie, il y a soixante-dix ans, sont aussi l’expression d’une solidarité avec tous les peuples qui luttent contre l’oppression dans le monde, aujourd’hui et demain.
