
Il existe des activités de pointe, notamment dans le domaine des services informatiques (Services du Numérique), dont les énormes profits sur cette nouvelle forme d’exploitation : l’esclavage intellectuel. Pour la première fois, les pratiques de ces entreprises sont révélées dans un livre, celui d’Anne Scotté, Bienvenue dans un monde d’esclaves. La face cachée des entreprises de services du numérique.
On pourrait se dire que l’auteure de cet ouvrage exagère un peu ou bien qu’elle l’emphase avec l’emploi du terme esclave… Mais à la lecture de ce qu’elle décrit minutieusement avec force détails, l’on se prend à craindre le pire, tant l’allégeance à une technique qui nous lie de manière indéfectible est de plus en plus tangible.
Allégeance obligée au système puisqu’il est désormais impossible d’échapper au Service du Numérique, dans le travail d’abord où les implications sont plus qu’alarmantes avec de nouveaux concepts, sortis tout droit des think tanks de l’exploitation et de la domination. Le TTU (très très urgent) par exemple et le toujours disponible qui, peu à peu, effacent les frontières du temps de travail et rognent ainsi sur le temps personnel d’une vie. Quant au quotidien, là le constat est simple, les services informatiques sont partout : dans les banques, les services sociaux, les communications, etc.
Outre cette dépendance inévitable, existent la dépendance économique et celle, plus insidieuse, vis-à-vis du temps. Comme l’écrit Anne Scotté,
« L’accélération de la concurrence, le challenge de la mondialisation et la sophistication toujours plus importante des solutions techniques entraînent des évolutions quasi permanentes des outils informatiques. » Il est en effet nécessaire de réactualiser les données des outils, de se former sans cesse, comme si rien n’était acquis, et qu’il faille, sans la moindre réflexion, s’aligner sur de nouveaux logiciels et emboîter le pas à de nouvelles méthodes. La dématérialisation n’est pas source de facilités pour l’individu en général, car elle entraîne des changements continuels — dus au
marché — que l’on ne maîtrise absolument pas. Le temps dû à la réflexion
passe à la trappe, seul l’allégeance au profit est d’actualité.
Et il y a le jargon et la pensée qui va avec évidemment. Les conséquences sont plus qu’inquiétantes. 1984 est dépassé !
Numérique partout, résistance nulle part serait-on tenté de dire. Pourtant la résistance existe, nous ne vivons dans un monde uniquement composé de geeks… Un vent de révolte souffle parmi les salarié-es, car c’est dans le travail que l’attaque est sans doute la plus agressive et la plus grave. Le néolibéralisme et ses enjeux ont tout à y gagner.

Bienvenue dans un monde d’esclaves. La face cachée des Entreprises de Services du Numérique d’Anne Scotté est un « outil », une clé pour démonter et comprendre les enjeux du numérique.