La coupe est pleine !
Mobilisation de soutien aux mouvements sociaux brésiliens
Article mis en ligne le 1er juillet 2014
dernière modification le 9 juin 2014

par C.P.

Du 12 juin au 13 juillet, la Coupe du monde de football a lieu au Brésil. En 2016, les Jeux Olympiques seront organisés dans ce pays. Pour ces deux évènements sportifs et commerciaux, des sommes colossales sont dépensées, alors que nombre de besoins essentiels de la population ne sont pas satisfaits, loin de là.

Par ailleurs, la Fédération Internationale de Football Association (FIFA) comme le Comité International Olympique (CIO) ont la détestable habitude de s’accommoder sans sourciller avec des régimes totalitaires. La FIFA, le CIO et les états qui les soutiennent, notamment en leur accordant d’importants fonds publics et en les cautionnant, méprisent les populations qui vivent dans les pays où ils organisent ces compétitions sportives internationales : dépenses somptueuses, déplacements autoritaires de populations, répression, accompagnent souvent ces initiatives ; le Brésil n’y échappe pas.

Nous affirmons notre solidarité avec celles et ceux qui, au Brésil, refusent que la Coupe du monde de football soit le prétexte à de graves mesures qui attaquent directement la population, particulièrement les plus pauvres et visent spécifiquement celles et ceux qui résistent et exigent le respect des droits fondamentaux :

 Projet de loi étendant très dangereusement le possible recours aux mesures « antiterroristes ».

 Interdiction et répression envers les manifestations.

 Campagnes diffamatoires envers celles et ceux qui s’opposent à la remise en cause des libertés.

 Occupation de favelas par des forces militaires et de police, qui prolonge les innombrables expulsions opérées pour les chantiers de la Coupe du monde et des JO de 2016. Plus de 170 000 familles ont été jetées à la rue !

 Organisation par les réseaux mafieux d’une prostitution à grande échelle dans toutes les villes où auront lieu les matchs, avec ce que cela implique en termes de violences et de négation des droits humains.

Des organisations syndicales et des mouvements sociaux brésiliens organisent la résistance et refusent à juste titre d’y renoncer pour cause de Coupe du monde de football. « L’argent parvient à la FIFA et aux entreprises. Nous voulons de l’argent pour la santé, l’éducation, le logement, les transports collectifs et la réforme agraire », affirment-ils, et ils ont raison !

Dépenses publiques, bénéfices privés !

Les compétitions sportives sont depuis longtemps des machines à drainer l’argent public vers les grandes multinationales (des dizaines de milliards de bénéfices), les mafias sportives internationales — FIFA (plus de 2 milliards de chiffre d’affaire par an) et CIO (4 à 5 milliards à chaque olympiade) — et les riches de chaque pays organisateur :

 2014 : JO de Sotchi (Russie) : 36 milliards d’euros 2012 : JO de Londres (Royaume-Uni) : 12 milliards 2010 : JO de Vancouver (Canada) : 5 milliards

 2010 : Coupe du monde en Afrique du Sud : 4,3 milliards de dollars de dépenses pour l’Afrique du Sud, 2 milliards de profits pour la FIFA

 2004 : JO d’Athènes : 15 milliards de dépenses, qui ont contribué à l’explosion de la dette grecque

Les expulsions d’habitant-es sont une habitude, et permettent des constructions de haut standing pour les riches. Pour les JO de 2008 à Pékin, 42 milliards ont été dépensés et plus de 1,5 million de personnes ont été déplacées dans le cadre de projets de développement urbain. C’est le cas à chaque grand événement sportif.

Les villes les plus touchées par les expulsions forcées sont Rio (50 000 personnes concernées), Fortaleza (32 000 personnes), Porte Alegre (15 000 personnes) !

Au total, plus de 170 000 familles ont été chassées de leur logement.
Toutes les méthodes ont été utilisées : créer un climat de peur dans les quartiers, exercer des chantages et pressions psychologiques sur les familles pour qu’elles cèdent leur maison à des prix dérisoires, accaparement de terres, expulsions sans relogement, violences policières sur ceux et celles qui résistent, déplacement des populations dans des zones urbaines dangereuses ou isolées ! Pendant l’événement, le « nettoyage » des villes est annoncé : celui de tous les hommes et femmes qui vivent sur les trottoirs en les renvoyant à des dizaines de kilomètres. Il faut rendre la pauvreté invisible ! Le Brésil n’est pas un cas isolé. Il existe chaque fois plus d’exemples à travers le monde qui illustrent l’insécurité des habitant-es à l’occasion de ces méga-évènements. Pendant ce temps, les spéculateurs réalisent des centaines de projets immobiliers et touristiques qui vont demain leurs rapporter des milliards....