Philomène Le Bastard
The Grandmaster
Film de Wong Kar Wai
Article mis en ligne le 10 juin 2013
dernière modification le 6 juin 2013

par C.P.

À la lecture de certains critiques qui ont encensé le film de Wong Kar-Wai tandis que d’autres émettaient des réserves, on se dit : à quoi bon faire la fine bouche devant le nouveau film du réalisateur hongkongais, The Grandmaster. Chaque plan est une œuvre d’art cinématographique, œuvre conjuguée du cadre, de la lumière, de l’étalonnage et de la chorégraphie. Pur ravissement.

Dès le générique, c’est la sidération devant une telle maîtrise filmique qui transcende non seulement les personnages, mais aussi les objets, les décors, créant ainsi un monde onirique dans un clair obscur troublant. Le film serait un patchwork décousu et quelque peu laborieux selon les déçu-es ou réservé-es… Ah bon ?!
Sans doute a-t-on vu un film différent ou bien avec d’autres lunettes !
On est simplement subjugué-e par les mouvements de caméra, l’utilisation des matières, des couleurs… La poésie des images. Une merveille.

Le film raconte la vie d’un célèbre maître des arts martiaux (wing chun), Ip Man, entre 1936 et 1954. Une vie traversée par la perte de sa famille durant l’occupation japonaise, l’assassinat du grand maître Baosen par son disciple favori, sa rencontre avec la fille du maître, Gong Er, leur affrontement et leur amour impossible, enfin la révolution communiste et l’exil à Hong Kong.

Wong Kar-wai et l’amour impossible — antienne dans son œuvre cinématographique. Une histoire qui demeure dans un écrin, tout en désir séduction et destin brisé. La rencontre entre Ip Man (Tony Leung, comédien que l’on retrouve dans la filmographie de Wong Kar-Wai) et Gong Er (Zhang Ziyi) a la même magie que celle du couple de In the Mood for Love (Tony y jouait également le personnage principal auprès de Maggie Cheung), décalée dans l’espace et le temps en rendez-vous manqués. Le réalisateur filme toujours aussi bien les histoires d’amour qui s’estompent et se croisent sans jamais se rencontrer.

À voir le film de Wong Kar-Wai, The Grandmaster, on hésite souvent à y voir une œuvre picturale ou cinématographique tant la perfection est atteinte du cadre et de l’équilibre de la composition de l’image… Alors, les deux certainement.