Hôtel By the River
Film de Hong Sangsoo (29 juillet)

Dans un hôtel au bord d’une rivière, tout est enneigé — un blanc immaculé — qui donne au décor une force de l’irréel et une impression d’espace feutré. Dans une des chambres, avec vue intrusive du décor nuageux, se trouve un vieux poète, qui semble à un tournant de sa vie. Bilan, regrets, sentiment de culpabilité ou besoin de pitié ? Rien n’est tout à fait explicite dans cette invitation, qui se présente comme une demande d’aide, tout est suggéré par des mots ordinaires dans un moment qui ne l’est pas.
Le poète, convaincu qu’il est au seuil de sa mort, a demandé à ses deux fils de venir le rejoindre à l’hôtel, pensant sans doute pouvoir pallier à ses absences paternelles, expliquer les choses de la vie selon sa perspective. Les deux jeunes hommes se retrouvent, perplexes presque méfiants, devant leur père vieillissant sans avoir oublié les manques dont ils ont pâti et ne comprennent pas vraiment la nécessité de ces retrouvailles familiales tardives. Les promenades nocturnes, le restaurant, la rivière invisible, autant de détails qui concourent au récit sans qu’on puisse vraiment prendre une distance.

L’hôtel est désert, l’extérieur est minimaliste, il fait un froid vif, pourtant une autre chambre est occupée par une jeune femme trahie par l’homme avec qui elle vivait. Un refuge au désespoir amoureux où une amie la rejoint à sa demande. Deux tristesses se croisent et cherchent des réponses sans les trouver.
Hôtel By the River se conclut par un poème, écrit au moment du tournage comme l’explique Hong Sangsoo : « alors que je rédigeais le scénario devant la station-service située en face de l’hôtel. J’étais intrigué par cet endroit. L’idée d’avoir un poème à la fin du film m’est venue quelques jours avant le tournage de la scène dans le restaurant. L’ambiance morne de la station-service que je voyais en marchant la nuit m’a fait penser que je pourrais m’en inspirer pour écrire ce poème. Je ne me sou- viens pas exactement dans quel état d’esprit j’étais. C’est flou mais je crois que je pensais que ce serait une bonne idée de décrire le sentiment de remords ou de rébellion d’un poète face à une fin. » Un film magnifique et profond, dont les images et le propos restent en mémoire, ce qui est souvent le cas pour les films de Hong Sangsoo, mais peut-être plus particulièrement pour celui-ci.
Hôtel By the River de Hong Sangsoo au cinéma le 29 juillet.