Benjamin
Film de Simon Amstell (25 décembre 2019)
Drame sentimental de Simon Amstell avec Colin Morgan, Phénix Brossard, Jack Rowan, Jessica Raine, Joël Fry, Nathan Stewart-Jarrett, Anna Chancellor, Michèle Belgrand-Hodgson, Ellie Kendrick, Kriss Dosanjh, Arnab Chanda, Joanne, Howarth, Jessie Cave, Alex, Lowe, James Bloor.

Sur le point de sortir son deuxième film, Benjamin, jeune réalisateur intérieurement torturé, tombe amoureux de Noah, chanteur français venu percer à Londres. Ils entament une relation que Benjamin assume mal. Une balade sentimentale en milieu artistique fine et délicate.

Malgré ses amis Stephen, stand-uper, Harry, comédien, et Billie, attachée de presse, Benjamin, jeune réalisateur prometteur, angoisse alors que va sortir son second film. Lors d’un événementiel, il rencontre Noah, chanteur français et en tombe amoureux. Les jours suivants les rapprochent. Mais coup sur coup, la sortie de son film est mitigée (un critique l’assassine même à la télé), Noah lui annonce qu’il n’est pas prêt pour une liaison et sa productrice Tessa le rabroue sur un tournage. Poussé par Billy, Benjamin accepte de travailler sur un nouveau scénario avec Harry. Par ailleurs peintre, Harry profite d’une séance de pose pour séduire Benjamin et passer la nuit avec lui, avant d’expliquer que ce n’était qu’une “expérience”.

Benjamin renoue avec Noah qui lui demande d’être son petit ami. Au cabaret, ils assistent à un four de Stephen qui a donné un spectacle d’une noirceur absolue. À un concert de Noah, Benjamin rencontre ses parents. Alors qu’ils dînent tous les quatre, un ex de Benjamin, jaloux, fait déraper la soirée. Troublé, Benjamin rompt avec Noah et se montre odieux envers Anna, la petite amie danseuse de Harry lors d’une performance. Paumé, il consomme des hallucinogènes et appelle Stephen. Celui-ci ne répondant pas, il fonce chez lui, craignant le pire. Stephen se douchait tout simplement. Cédant enfin à son sentiment, Benjamin retrouve Noah dans une boîte. Noah lui annonce qu’il repart en France. Benjamin accepte de l’y suivre.
Inspiré de sa propre vie, ce premier long-métrage de Simon Amstell est une jolie découverte. D’une sensibilité insigne, il allie la pudeur et la délicatesse d’un Ira Sachs à la drôlerie intellectuelle du Woody Allen période Annie Hall avec son héros cérébralisant ses sentiments par peur d’y céder et de ce fait aussi disert quand il s’agit de les fuir que mutique sitôt qu’on lui demande de les exprimer. Alternant caméra fixe et à l’épaule sur des couleurs sublimant la nuit londonienne, le réalisateur nous gratifie, qui plus est, d’un récit enchaînant les séquences sur un rythme vif tout en laissant le temps aux sentiments d’exister.

Sans méchanceté mais avec acuité, il égratigne, au passage, le côté biaisé des relations animant l’underground de l’Art contemporain. Mais il le fait avec une réelle empathie pour ses personnages, à l’instar de l’impresario avec ses artistes dans le Broadway Danny Rose de Woody Allen (1984), rendant par là-même leur fragilité extrêmement touchante. Notamment chez Stephen, Anna et Benjamin. “Qui es-tu ?” questionne le gourou dont Benjamin est addict aux vidéos. Là est bien la question. Faut-il perdre son temps à s’interroger sans fin sur soi ou agir et trouver l’Autre ? L’amour du public vaut-il de sacrifier le sentiment intime ? À l’image de l’Art, ainsi que le souligne Harry, l’amour n’aide-t-il pas en effet à embellir la vie ? Sans crier gare, au fil des procrastinations de Benjamin, Amstell nous offre ainsi sa propre version du Shakespearien dilemme entre l’Être et l’Agir rendant, du même coup, la romance amoureuse unissant et séparant ses personnages indéniablement universelle.
Benjamin de Simon Amstell est sur les écrans le 25 décembre 2019.