Christiane Passevant
Swallow de Carlo Mirabella-Davis (15 janvier 2020)
Article mis en ligne le 24 janvier 2020

par C.P.

Swallow
Film de Carlo Mirabella-Davis (29 janvier 2020)

Une jeune femme, Hunter, semble vivre une vie d’épouse comblée, mais soumise, véritable faire valoir de son compagnon qui dirige l’entreprise de son père. Hunter joue le jeu et expérimente l’existence de femme-objet que l’on exhibe, sans l’écouter. Sois belle et tais-toi !

Sa vie de couple modèle se déroule dans l’ennui et la passivité jusqu’à ce qu’elle soit enceinte. Elle développe alors un trouble compulsif du comportement alimentaire, caractérisé par l’ingestion d’objets divers, des glaçons, des billes, des punaises, qui paraissent liés à l’enfance… « Hunter agit à la manière d’une performeuse qui utiliserait son corps pour échapper à sa condition. La manière dont elle expose les objets qu’elle a avalés tient aussi de la démarche artistique. » Comme si elle utilisait ce moyen pour exprimer une forme création.

Son comportement change et sa solitude, plutôt gardée qu’entourée, l’étouffe de plus en plus sans qu’elle en réalise les causes. Il y a également la différence de classes, Hunter vient d’un milieu modeste et a été « choisie » pour sa beauté, c’est presque un placement.

En l’occurrence, la belle famille décide de la faire surveiller par une psychothérapeute et par une sorte de garde du corps, sans doute plus inquiète pour la descendance familiale que pour Hunter. Le contrôle par autrui de son corps, de son ventre, déclenche chez la jeune femme sa révolte et dévoile finalement un grave traumatisme passé.

Hunter, incarnée par Haley Bennet, est filmée en gros plans, ce qui souligne l’évolution du trouble qui l’amène à prendre conscience de l’oppression qu’elle subit. « Qu’on soit homme, femme ou non-binaire [explique le réalisateur], la société nous assigne toujours un rôle et chacun se bat contre ces archétypes. Je pense que le féminisme peut aider tout le monde. En tant qu’homme, on doit s’interroger sur cette culture patriarcale dont on fait partie et qui nous profite, même si l’on dit qu’on soutient les femmes. Si vous ne faites pas partie de la solution ; vous faites partie du problème. » Un film original et fascinant.

Swallow de Carlo Mirabella-Davis est sur les écrans depuis le 15 janvier.