Braquer Poitiers
Film de Claude Schmitz (23 octobre 2019)

Un délire d’été et une histoire d’amitié, qui se construit à partir d’une arnaque. Wilfrid est propriétaire d’une chaîne de station de lavage de voitures du côté de Poitiers, mais bon cela ne l’intéresse guère, c’est plutôt son jardin qui le branche. Alors quand deux Belges magouilleurs, Thomas et Francis, décident de le braquer sans violence — « c’est les vacances » —, il s’en amuse et les autorise à piquer dans la caisse. Et, pense-t-il, cela occupera sa solitude. Débarquent par la suite des copines du sud, genre « cagoles », étonnées par l’attitude de Wilfrid, mais pourquoi pas ? Voici donc cette bande atypique installée chez Wilfrid et se baladant dans la région, au gré des fêtes et des baignades.

Braquer Poitiers est né de la rencontre avec Wilfrid et de l’idée de rassembler des personnes qui n’ont rien en commun, sinon l’étonnement et la curiosité qui en naît. « Le tournage a duré neuf jours. Ce sont les arrivées et les départs des acteurs qui ont provoqué les rebondissements du récit [explique le réalisateur]. Il fallait tourner les scènes selon les disponibilités des uns et des autres. Si leurs emplois du temps avaient été différents, le film l’aurait été également. Nous tournions donc chronologiquement et, d’une certaine manière, je jouais le rôle de script : je m’efforçais de mémoriser les détails de chaque scène pour tourner la scène suivante, mais sans prendre de notes. »

Cette improvisation volontaire apporte au récit une impression de surprises selon les rencontres, parfois aussi d’indécision des personnages qui se cherchent, changent d’attitudes, ce qui marque le film d’un côté foutraque assumé. Le choix de faire jouer des professionnels et des amateurs, dans une liberté de jeu, est une autre caractéristique du film qui produit des rebondissements inattendus. En fait toute l’équipe semble s’être impliquée pour raconter une histoire de rencontres improbables, dans un cadre en otage comme d’ailleurs le propriétaire des lieux, Wilfrid.

Braquer Poitiers développe un autre langage cinématographique, en construction depuis le tournage jusqu’au montage… C’est en quelque sorte l’idée de provoquer des rencontres et de filmer. Braquer Poitiers est accompagné d’un second film, Wilfrid, qui pourrait se voir comme une sorte d’épilogue au rêve non satisfait de communauté de Wilfrid.
Braquer Poitiers et Wilfrid de Claude Schmitz, en salles depuis le 23 octobre.