Jericó. « L’envol infini des jours » Film documentaire de Catalina Mesa (20 juin 2018)

Le film documentaire de Catalina Mesa, Jericó. « L’envol infini des jours », offre un voyage dans un village magnifique, attrayant, coloré — chaque maison a sa couleur —, tout en gardant une harmonie sereine dans sa diversité. Il est à l’image des femmes que l’on croise, que l’on rencontre et qui content leurs souvenirs, avec humour et tendresse, facétie et émotion.
Ces femmes autonomes, à la personnalité forte et sensible, issues de classes sociales différentes, évoluent avec un regard apaisé dans l’univers qu’elles ont peu à peu créé tout au long de leur vie. Entre joie et mélancolie, elles évoquent les histoires d’amour, les petits bonheurs, les pertes douloureuses, les peines, les déboires parfois… En parallèle, le film découvre les véritables trésors qui décorent les maisons de chacune d’entre elles. Elles s’appellent Chila, Luz, Fabiola, Elvira… Et on a soudain l’envie de les connaître, de partager une conversation, ou juste de s’asseoir près d’elles dans ce merveilleux village de la région d’Antioquia, au coeur de la Vallée du café, en Colombie. Le décor, le quotidien deviennent magiques et les paroles des femmes est source de réflexion profonde.

Le film de Catalina Mesa est « joli » au vrai sens du terme, il fait du bien par le choix du propos, des plans, par la musique aussi et par les mots qui s’y échangent. Inspirée par la mémoire d’une tante qui a vécu à Jéricó, Catalina Mesa porte à la fois un regard d’ethnologue et, en se replongeant dans la culture locale, elle se réapproprie en quelque sorte des racines personnelles et familiales liées à l’histoire de son pays d’origine et de sa culture. Elle fait œuvre mémorielle et artistique en rendant la parole aux femmes colombiennes.
Jericó. « L’envol infini des jours » : un film documentaire ? Je dirai plutôt des leçons de vie.
Le film est sur les écrans le 20 juin. À ne pas manquer !

Catalina Mesa [1] : Jericó est un village de poètes et il y a un petit centre d’histoire où j’ai lu les poésies, c’est pourquoi le film commence avec le poème d’une poétesse qui dit : « la montagne qui touche l’infini et l’infini qui entre dans la chaumière ». Cette même notion de la rencontre entre la terre et le ciel, le quotidien qui a une sorte de luminosité, je l’ai retrouvé chez beaucoup de poètes. En lisant cela, je me suis dit qu’il fallait que je filme à la lumière du jour pour que le soleil entre par les fenêtres, baigne le village parce que c’est l’infini qui entre dans le village.
Mais je ne veux pas que le public pense que le film est seulement de couleur rose et que je tente de dissimuler la face obscure du pays, parce qu’il faut voir l’ombre pour la transformer. Je ne nie pas l’ombre de mon pays, mais mon désir était d’ouvrir le regard à une palette plus large de couleurs, à d’autres nuance ; on ne peut pas juger une culture par son côté violent ou son côté ombre. Dans ce film, l’ombre danse avec la lumière, la fragilité, la vulnérabilité côtoient le courage, les épreuves et l’humour. Ces femmes dépassent cette dualité avec une grande dignité.