
La vie est un chemin qui marche, et le grand poète Antonio Machado, lui, s’est arrêté derrière cette frontière du bout de la mer entre l’Espagne et la France, à Collioure, en ces jours terribles de février 1939 où avec 500 000 de ses compatriotes Républicains, il franchit le chemin de Cerbère poussé par les troupes franquistes.
Il n’ira pas plus loin mais sur sa tombe, il y a désormais une boîte aux lettres. Du Monde, les messages y arrivent, intimes, politiques, poétiques, ils fleurissent comme des bouquets de Toussaint... Il n’y a que les poètes qui peuvent les ouvrir, il n’y a que les humanités d’espoir qui peuvent y répondre. Nous suivons le poète Serge Pey, à pied, cherchant son propre chemin, à pied de Toulouse à Collioure, le long du Canal, dans les hauteurs ventées des châteaux cathares, dans les plaines du Roussillon, sur les plages de Catalogne, et aussi sur les chemins de l’Histoire, Robert Capa et la camp de Bram, Rivesaltes, Argelès sur Mer, Bélibaste, le dernier parfait... Facteur des mots, Serge Pey vient porter 400 lettres écrites par des amis, connus ou inconnus à Collioure, au cimetière qui abrite la seule boîte aux lettres pour les poètes...
Le film de Francis Fourcou est un road movie céleste où les lettres et les mots s’envolent dans un montage très abouti sur les terres occitanes, sur le fond du ciel et de mare nostrum, notre mer immense.
Avec Serge Pey [1], la poésie est debout, la poésie est le pain des pauvres... Avec lui, la poésie tape du pied et marche... et nous suivons sa marche de la poésie, de Toulouse jusqu’à la tombe du poète Antonio Machado, à Collioure...
Caminante, son tus huellas
el camino y nada más ;
caminante, no hay camino,
se hace camino al andar.
Marcheur, ce sont tes traces
Qui font le chemin et rien d’autre ;
Marcheur, il n’existe pas de chemin,
Le chemin se fait en marchant.
Antonio Machado