Christiane Passevant
Sorties DVD. Petit paysan de Hubert Charuel. Un vent de liberté de Behnam Behzadi. Coffret de trois films de Luis Garcia Berlanga
Article mis en ligne le 25 janvier 2018

par C.P.

Sorties DVD :

Petit paysan de Hubert Charuel

Un jeune éleveur de vaches laitières, Pierre, vit avec ses parents dans la ferme dont il a repris l’exploitation. Son troupeau, c’est toute sa vie, organisée autour de la ferme, de la traite, de la naissance des veaux, alors quand les premiers cas d’une épidémie qui touche les bovins se déclarent en France, il est pris de peur, d’autant qu’une de ses vaches montre certains symptômes. Sa sœur est vétérinaire et malgré ses conseils, Pierre refuse d’abattre son troupeau par mesure de protection et va aller jusqu’au bout pour les sauver.

En évitant le naturalisme, Hubert Charuel traite ce sujet comme un thriller psychologique et montre l’attachement de Pierre d’une manière bouleversante.

Un vent de liberté de Behnam Behzadi

Niloofar a toujours obéi aux exigences de sa famille. Mais lorsque sa sœur aînée et son frère décident qu’elle accompagnera sa mère, qui ne supporte plus la pollution de Téhéran, à la campagne, cette célibataire de 35 ans se rebiffe. La famille n’accepte pas la rébellion de la docile Niloofar, dont la résistance à la décision familiale est aussi celle contre une société patriarcale s’arrogeant le droit de dominer comme légitime. Dire non renforce la détermination de la jeune femme qui travaille, et même une prise de conscience contre l’autorité.

À 35 ans, Niloofar revendique son libre-arbitre plutôt que d’aller littéralement s’enterrer à la campagne. Téhéran présente d’ailleurs des opportunités pour une femme, inimaginables ailleurs. Son refus de se sacrifier provoque un véritable bouleversement dans la famille, la déstabilise et fait tomber les masques. Niloofar pourra-t-elle résister aux pressions familiales ? C’est le suspens du film, interprété par d’extraordinaires comédien.nes. Le troisième long métrage de fiction de Behnam Behzadi, un Vent de liberté, traite non seulement du poids des traditions patriarcales, et des hypocrisies familiales, de la volonté d’émancipation des femmes, mais aussi de la ville de Téhéran, de ses opportunités comme de sa pollution alarmante.

Coffret de trois films de Luis Garcia Berlanga :

Bienvenue Mister Marshall (1953).

D’après un scénario écrit avec Juan Antonio Bardem, Bienvenue Mister Marshall est une critique sociale acerbe, masquée par une comédie de mœurs. Très grand succès public, la chanson principale reste connue et les dialogues des références du cinéma espagnol.
Une chanteuse arrive dans un petit village pour donner un spectacle, et le même jour, on annonce la venue d’une commission du Plan Marshall supposé offrir des aides économiques. C’est alors que tout le village se mobilise afin d’organiser une grande fête dans le plus pur style andalou.

Placido (1961).

Cette satire féroce de la bourgeoisie s’inspire et se moque d’une campagne de charité lancée par Franco. Il fallait du courage et de l’humour noir à Berlanga pour mettre en scène, d’après un scénario de Rafael Azcona, une histoire où les riches, en l’occurrence un industriel de la région, se servent des pauvres pour redorer leur image.
À l’occasion du réveillon de Noël, est organisé un gala, avec défilé de miss en présence de vedettes bidon, avec une émission de radio et l’invitation d’un pauvre à table. Tout cela pour vanter la générosité de la bourgeoisie et promouvoir la cocotte-minute de l’industriel. Mais voilà, ça va mal tourner… On n’est pas loin de El Cocheccito de Marco Ferreri qui a lui aussi travaillé sur un scénario d’Azcona.

Le Bourreau (1963).

Pour terminer cette trilogie cinématographique de Luis Garcia Berlanga, le Bourreau (El Verdugo), pamphlet sans concession contre le régime franquiste, l’hypocrisie de la bonne société, la peine de mort et la barbarie du garrot. Le film est une coproduction avec l’Italie et, sans doute pour cela, il a échappé à la censure.

Un employé des pompes funèbres rencontre un bourreau en fin de carrière et la fille de celui-ci. Les jeunes gens se marient et s’installent dans l’appartement que l’administration accorde au bourreau. Oui, mais voilà, pour continuer à bénéficier de l’appartement, en pleine crise du logement, le jeune homme doit accepter la charge de bourreau de son beau-père. Celui-ci lui assure que ce n’est rien et que les exécutions au garrot sont très rares. Il est pourtant convoqué pour sa première exécution, à Majorque, et jure de ne plus recommencer. Ce à quoi le vieil homme lui rétorque : « Moi aussi j’avais dit ça la première fois ! »