Christiane Passevant
L’indomptée. Film de Caroline Deruas
Sortie nationale : 15 février 2017
Article mis en ligne le 25 janvier 2017
dernière modification le 3 janvier 2017

par C.P.

En prélude du film de Caroline Deruas, il y a un film d’archives sur la Villa Médicis avec Paul Landowski.

Axèle, photographe, entre en scène, filmée dans une séquence rêvée. Elle menace de se tirer une balle dans la tête si la résidence lui est refusée. L’image bascule au rouge. La réalité elle-même est filmée à la manière d’un fantasme, la porte extérieure de la Villa Médicis fait figure de porte d’entrée du château de Dracula.

Rêve, cauchemar, réalité se confondent sans cesse dès la rencontre d’Axèle et de Camille, écrivaine, dont le compagnon, Marc interprété par Tcheky Karyo, est dominateur et fort de sa renommée d’écrivain. Il n’a de cesse d’assurer son pouvoir sur elle en lui lançant : « Tu pourras écrire sans te procurer de l’argent. […] Ça fait trois que tu n’as pas écrit, alors… » Camille est vampirisée et étouffée par Marc, mais a-t-elle envie de se libérer ?

Les photos d’Axèle, extraordinaires par les personnages qui se superposent, mutent et révèlent des personnages d’un monde invisible ou visible par elle seule. Axèle perçoit le passé de la Villa Médicis, ses meurtres et ses amours. La nuit les statues semblent vivantes, tournent leur tête de pierre — on pense à la Belle et la bête de Jean Cocteau, ou encore au Testament d’Orphée — se mêlent aux personnes vivantes et aux fantasmes qui peuplent le jardin nocturne. « Que photographiez-vous ? » demande une mécène à Axèle, « des fantômes » répond-elle.

Dans ce décor et cet environnement créatif, les tensions et les frustrations s’exacerbent. Marc perd de son influence sur Camille et crie avant de partir : « Je t’ai aidé socialement à être ce que tu es. Sans moi, tu ne serais pas ici. » Quant à l’amant d’Axèle, un cinéaste, il déclare, « je suis un siffloteur » de crainte que cette dernière l’entraîne dans une passion. « Les mecs sont nuls, des voleurs », conclut Axèle qui, de plus en plus, appartient à la villa et s’y immerge. Les « réminiscences et les cauchemars ne font qu’un ».

Le temps passe, l’année s’écoule, Camille a écrit L’Indomptée, sur la première femme pensionnaire de la Villa Médicis.

Des images très belles, de même qu’un décor exceptionnel pour une suite d’histoires imbriquées entre plusieurs mondes et plusieurs temps dont la Villa Médicis garde la mémoire.