
Wolfgang Bauer est le tout premier journaliste à s’être infiltré dans un groupe de réfugiés afin de témoigner directement de l’épreuve inimaginable que constituent la traversée de la Méditerranée et l’entrée en Europe. Avec des Syriens qui tentaient de traverser d’Égypte en Italie, il a vu et subi la cruauté des passeurs, l’absurde et l’aléatoire, la violence des représentants de l’ordre, la proximité de la mort.

Un périple difficile, vécu et regardé de l’intérieur, raconté dans un style direct, simple, sans dramatisation ou effet spectaculaire. On est sur le bateau sur lequel sont embarqués le journaliste, son photographe et les réfugiés qui est intercepté avant d’arriver en Europe. Tout le monde est arrêté, Bauer est séparé des réfugiés, mais il s’assure avant que ceux-ci pourront le contacter pour les aider. Quelques semaines plus tard, certains font appel à lui pour passer d’Italie en Allemagne, mais il est du coup arrêté et accusé d’être un passeur.

Toutes les difficultés, toutes les incohérences des systèmes mis en place aux frontières sont ici soulignées et prouvent encore une fois que les droits humains sont arbitraires selon le lieu de naissance et la classe sociale.
C’est aussi une réflexion sur la profession de journaliste, sur le fait de rapporter l’information, de rester sur le terrain pour donner une idée plus conforme de la réalité sociale et politique. Aujourd’hui, le journalisme d’investigation, de terrain est de plus en plus écarté en raison de la crise, mais aussi des dangers sur place dans certains pays. Par conséquent, « on comprend de moins en moins le monde dans lequel on vit », car les informations actuelles sont rapides, superficielles, spectaculaires et surtout sans aucune réflexion.

Entretien. À suivre…