
« Dans un pays [écrit Maurice Rajfus] où la police parle bien plus de ses droits que de ses devoirs, quel espace de liberté peut bien subsister pour les citoyens ? Ces droits revendiqués par les policiers ne peuvent que signifier, parallèlement, le renoncement à la critique quant à la qualité de leurs activités. Lorsque la parole du policier ne peut être réfutée, c’est toute la liberté d’expression qui se trouve mise en cause. »

Distribué par Zeugma films, le film documentaire de Luc Decaster — Qui a tué Ali
Ziri ? — sur les écrans depuis le 7 octobre tourne dans toute la France. Durant cinq années, Luc Decaster a suivi l’affaire Ali Ziri, passée presque totalement à la trappe des médias. Le film témoigne d’une réalité accablante pour la police et la justice, en même temps qu’il décrit la lutte déterminée d’un collectif de quartier — Vérité et Justice pour Ali Ziri — pour connaître des faits intervenus dans la nuit du 11 juin 2009.
Le 11 juin 2009, au sortir d’une fête de mariage, Areski Kerfali, 61 ans, et son ami, Ali Ziri, 69 ans, sont, lors d’un contrôle routier, interpellés par la police nationale d’Argenteuil. L’interpellation tourne rapidement à la brutalité raciste à l’encontre des deux retraités, qui sont emmenés au commissariat où ils sont passés à tabac. Les deux hommes sont finalement transportés à l’hôpital et Ali Ziri, dans le coma, décède deux jours plus tard.
À partir de là, la police n’a de cesse de dissimuler les conditions de cette arrestation, de refuser de faire visionner la vidéo à l’avocat chargé de l’affaire, une vidéo qui montre l’intérieur du commissariat à cette date. Un autre commissariat refuse d’enregistrer la plainte d’Areski Kerfali, sous prétexte qu’elle met en cause des « collègues », et finalement des non lieux sont prononcés… Les conditions d’incarcération demeurent dissimulées, les violences sont niées par la police, malgré les preuves tangibles sur les corps des victimes et les témoignages qui confirment que le vieil homme n’a pas été secouru après avoir subi un passage à tabac.

Qui a tué Ali Ziri ? Le film commence par une marche silencieuse avec la banderole du collectif Vérité et Justice pour Ali Ziri. Si l’exigence de vérité et de justice est un long chemin semé de dénis, de provocations, de condamnations absurdes, malgré tout demeure inébranlable la volonté du collectif.

Manifestation 2011 (CP)
Le film de Luc Decaster raconte la lutte de la famille Ziri, de ses ami-es, du collectif, une lutte exemplaire vécue sur le terrain qui pose des questions graves sur le deux poids deux meures régissant la justice française lorsqu’il s’agit de violences policières.
Un film enquête et sans concession.