La participation contre la démocratie
Jacques T. Godbout (Liber)
Article mis en ligne le 12 juillet 2015
dernière modification le 12 mai 2015

par C.P.

La participation contre la démocratie est la formule qui résume le mieux les quinze années de recherches menées par Jacques T. Godbout au cours des années 1960 et 1970 sur les expériences de participation des usagers dans divers organismes (syndicats, commissions de consultation, groupes populaires, etc.). La participation est en effet apparue non pas comme un supplément de démocratie, mais comme une manière de se passer des mécanismes démocratiques pour tous ceux qui (professionnels,bureaucrates, militants) détiennent dans les institutions un pouvoir dont la source est étrangère au processus démocratique, et dont la !légitimité n’est
pas fondée sur la représentation politique.

La participation, qu’on considère généralement comme un contre pouvoir, est davantage une technique professionnelle pour maximiser le pouvoir. Si ce constat pessimiste avait de quoi surprendre il y a trente ans, son actualité, encore aujourd’hui, en étonnera plus d’un.

« Ceux qui sont favorables à la plus grande participation possible doivent en même temps s’attaquer au modèle économique dominant, au productivisme, au paradigme de la croissance. Car tant que la valeur suprême sera !la !production et la consommation plutôt que la démocratie, on devra se satisfaire d’une démocratie représentative faiblement participative. Car dans la mesure où, pour fonctionner, la démocratie participative suppose une mobilisation très grande, elle tend à déplacer le pouvoir vers les minorités actives. Ceux qui sont le plus favorables à la participation, ceux qui la réclament le plus, sont ceux qui participent ! le ! plus ! déjà, les militants naturels. Ce faisant, ils ont tendance à ne pas tenir compte des intérêts (légitimes !) de ceux qui souhaitent participer le moins possible tout en détenant certains pouvoirs et en exerçant une certaine influence par le choix de ceux qui vont décider à leur place. »