La Guerre d’Espagne. Révolution et contre-révolution (1934-1939)
Burnett Bolloten. Traduit de l’anglais par Étienne Dobenesque (Agone)
Article mis en ligne le 17 avril 2015
dernière modification le 21 décembre 2014

par C.P.

L’une des premières initiatives des comités locaux consista à interdire
le commerce privé, à mettre entre les mains de la collectivité les terres
des riches, et parfois celles des pauvres, ainsi que les bâtiments agricoles, l’outillage, le bétail et les moyens de transport. À quelques rares exceptions près, les coiffeurs, les boulangers, les charpentiers, les médecins, les dentistes, les enseignants et les tailleurs durent eux aussi s’intégrer au système collectif. Au sein de certaines communautés, l’utilisation de
l’argent fut supprimée pour les échanges internes. « Ici, s’il prend à quelqu’un la fantaisie de jeter des billets de 1 000 pesetas dans la rue, personne n’y prêtera attention. Rockefeller, si vous veniez à Fraga avec
tout votre compte en banque, vous ne pourriez même pas vous payer
une tasse de café. L’argent, votre serviteur et votre Dieu, a été chassé
de notre ville et le peuple est heureux ! »

La révolution espagnole fut la plus singulière des révolutions collectivistes
du XXe siècle. C’est la seule révolution radicale, défaite militairement, qui
se soit produite dans un pays d’Europe de l’Ouest et la seule qui ait été véritablement pluraliste, animée par une multitude de forces, souvent concurrentes et hostiles.

Maîtrisant une immense bibliographie, ce classique hors-norme offre non seulement une synthèse magistrale de l’histoire de la guerre d’Espagne mais aussi la possibilité de comprendre comment naissent, se brisent ou
se perpétuent les rêves d’une société de justice et de bonheur.

Originaire du pays de Galles, correspondant du bureau londonien de
l’agence United Press en Espagne en 1936, Burnett Bolloten (1909-1987) [1]